»-. Ă la crĂ©ation du monde, il n’existait qu’une seule chamelle, appelĂ©e Fakaru, et le monde entier vivait de son lait-. Un port de tĂȘte hiĂ©ratique, un air de majestĂ© adouci par un regard affable, et surtout, cette lippe d’aristocrate outragĂ©, le đ« a, sans conteste, l’une des plus belles gueules du bestiaire saharien. Quelques animaux, comme le đŹ, l’Ă©pagneul breton ou certains prĂ©sentateurs de tĂ©lĂ©vision semblent sourire en permanence. C’est aussi le cas du đ«, Ă©ternel bienheureux vu de face, un poil condescendant de profil. Le Touareg vient souvent parfaire, Ă coups de canif, ce physique de star. Parfois un lambeau de chair taillĂ© Ă partir de la gorge lui fait une docte barbichette de sage oriental, on l’appelle l’amar. Des estafilades sur le museau forment des verrues, les ikembars, signes distinctifs qui en plus accĂ©lĂšrent le sevrage des jeunes, les croĂ»tes le gĂȘnent pour tĂ©ter.

On l’a souvent dĂ©crit atrabilaire et querelleur, il n’en est rien et, il est plutĂŽt bon gars. Il se contente d’Ă©mettre quelques couinements de protestation indignĂ©e, ou un arff! de sincĂšre surprise, lorsque les cordes du bĂąt lui serrent un peu trop la couenne. Avec souvent plus de cent kilos de charge sur le dos il est dĂ©jĂ bien bon de se relever… -. Mais le đ«, pensif, Au roulis de son dos, navire intelligent, berce seul sur ces flots-. Alphonse de Lamartine. Grimper Ă bord du vaisseau du dĂ©sert est toujours un grand moment. Une fois le đ« en position, on fixe la tarik, lĂ©gendaire selle juste devant la bosse, dĂ©corĂ©e d’un pommeau en croix, et qui n’a pratiquement pas Ă©voluĂ© depuis 3.000 ans. Un bien curieux objet, sur lequel une personne raisonnable n’aurait pas l’idĂ©e de s’asseoir… » Christophe Raylat (L’esprit voyage)
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Belle histoire et beau portrait de chameau đ«
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