»-. Pour suivre la marche du temps, les Indiens n’avaient point d’autre repĂšre que les đ ascendantes et dĂ©croissantes. Ils savaient que l’hiver approchait, parce que les jours Ă©taient de plus en plus courts, parce qu’il faisait de plus en plus froid. Un froid de gueux. Des semaines auparavant, en rase campagne, ils avaient entendu, puis observĂ©, au-dessus de leurs tĂȘtes, un vol d’đŠ migrateurs. Ils s’Ă©taient dit que ces bĂȘtes savaient oĂč aller. Eux, non, devaient-ils se diriger par ici, par lĂ ? DĂ©posĂ©s par la diligence, les indiens Osages Ă©taient maintenant dans la ville, parce qu’on les y avaient conduits, sans leur demander leur avis. Se rĂ©volter aurait Ă©tĂ© inutile.

Marchant Ă petits pas, ils dĂ©couvrirent des rues interminables, des đĄ aux façades peintes de jaune, d’ocre, de vert pĂąle, des balcons ornĂ©s de đș flĂ©tries, des places animĂ©es. Des hommes et des femmes les suivaient, les regardant avec plus de curiositĂ© que d’animositĂ©. Les Indiens Ă©taient agrippĂ©s les uns aux autres par un pan de vĂȘtements. Ils s’arrĂȘtent, montrĂšrent par gestes qu’ils avaient faim, froid et sommeil, que l’enfant, une petite fille, Ă©tait malade, qu’elle allait peut-ĂȘtre mourir. Des quidams se massĂšrent, certains s’attendrirent, d’autres, avec une cĂ©lĂ©ritĂ© Ă©tonnante, allĂšrent quĂ©rir les gendarmes. Pas de toit, pas d’argent… Convenait-il de les mener en prison, ou Ă l’hospice des indigents ? » Philippe Brassart (Le voyage chez les đïžâđšïž pĂąles)
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Belle histoire et beau tableau đŒ
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