Best-seller

 »-. Quelques modifications suffiraient à en faire un best-seller de la meilleure cuvée. Quantité de romans traitaient de la révolution française, mais on y découvrait trop souvent une fâcheuse prise de position à caractère politique prononcé. La Chambre cachée évitait habillement cet écueil et contait dans un style clair, simple et attrayant l’aventure d’un couple entraîné dans les péripéties et rebondissements d’une singulière affaire. L’heure du déjeuner vit Mr Hammond se diriger vers son club la tête penchée sur l’énigme du titre. La Chambre cachée ne révélait-il pas trop clairement autour duquel tout s’articulait ? De retour à son bureau, il confia à son clerc le brouillon de la lettre qu’il comptait adresser à D. Willoughby, auquel il s’adressait comme s’il appartenait au sexe masculin, considérant que seul un homme avait su décrire des scènes d’ivresse avec tant de précision…

Les soeurs Brontë avaient pris des pseudonymes, mal sonnants de préférence, comme bien d’autres écrivains. Pourtant Mr Hammond éprouva une vive surprise lorsqu’il se trouva en face de Deborah, venue sur son invitation discuter de quelques rectifications. À la surprise succéda un sentiment de gêne provoqué par le dilemme qui se posait a lui. Comment discuter ivrognerie, vomissures et pot de chambre avec une femme ? Dans l’état actuel des choses, D. Willoughby déclara d’un ton décisif. -. Vous avez tort ! Je suis moi-même une grande lectrice, et cela m’irrite toujours de voir passer sous silence des détails d’importance. Telle, par exemple, la façon de vivre des gens, ou le montant de leurs revenus, les ressources dont ils disposent, et.-. Peut-être faut-il voir en vous l’exception qui confirme la règle, Mrs Willoughby. La plupart des gens lisent pour s’évader de la réalité…- » Norah Lofts (La porte hantée)