»-. Lorsque le Tsar boit à la santé de quelqu’un, ce qui arrive souvent, il fait d’abord à trois reprises le signe de la croix au-dessus de la coupe que lui tend l’échanson. On n’en finit pas de remercier le maître pour le vin et la nourriture. Tout vient de lui. Ses commensaux sont ses obligés pour la vie, à cause de ces rites infatigablement répétés, les repas durent parfois cinq heures. Sur la table, se succèdent les 🐓 au gingembre, les cygnes rôtis, les grues aux épices, les 🐔 désossées, les gélinottes à la crème, les 🦆 au concombre, les 🐰 aux navets, les cervelles d’élan, les 🐟 farcis et les pâtés de toutes sortes. Sur cette avalanche de victuailles, flotte l’odeur puissante de l’ail, du safran, de l’oignon et du lait aigre. On mange avec ses doigts, en déposant les os dans des assiettes en or. les jus coulent dans les barbes, les trognes s’illuminent, les voix se haussent d’un ton.

L’obligation de faire honneur à toutes les coupes que leur envoie le tsar conduit les invités à une hébétitude proche de la syncope. Dans leur estomac se mélangent l’hydromel, les vins du Rhin, de France et de Malvoisie, la vokda et le kwass. À la cour comme chez les particuliers, la mangeaille et la beuverie immodérées constituent le divertissement par excellence. Toute fête chrétienne passe par le ventre. Quant aux indispositions succédant à ces ripailles, pour se guérir de quelque maladie que ce soit, le mieux est encore de vider un verre d’eau -de-vie assaisonné d’ail ou de poivre, de manger une tranche d’oignon et d’aller transpirer dans les étuves. Tout en écoutant ses médecins anglais, le tsar ne dédaigne pas les remèdes russes. Gros mangeur, gros buveur, il estime que la force d’un homme dépend des nourritures qu’il absorbe. » Henri Troyat (Ivan le terrible)
🤗💖💐☀️
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Un personnage impressionnant ! Joli poisson 🐠
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