Gandhi en caleçon dans un drap de lit

 »-. Je ne comprends que bien peu votre réticence aux merveilles des langues mortes. Vous n’avez obtenu que 7 sur 20 dans cette matière, vous devriez comprendre, surtout à votre âge, que si un peu de savoir ne nuit pas, beaucoup de savoir n’en profite que mieux -. C’était vrai que Séraphine traînassait sur ses devoirs de grec et de latin, elle avait d’autres sujets de préoccupations et d’intérêts. Il lui semblait que cette année, la première des années 30, était rapide, on avait inventé la 👗 fluide et le chapeau cloche, Costes et Bellonte venaient de traverser l’Atlantique d’est en ouest, à New-York on construisait un building qui serait plus haut que la tour Eiffel, Séraphine en connaissait même le nom, Le Chrysler. Sans parler de Gandhi pour lequel elle éprouvait une admiration sans bornes et qui venait d’être arrêté après sa marche à la mer, avec plus de soixante mille indépendantistes.

Il y avait de quoi en oublier ses déclinaisons latines… L’année dernière, elle avait essayé d’en parler avec Pascal. -. Tu connais Gandhi ?-. Ouais-. Et qui c’est, Gandhi ?-. Tu es devenue institutrice, pour poser tout le temps des questions ?-. Réponds voir un peu si tu le sais. Qui c’est Gandhi ?-. Pascal avait eu un sourire de triomphe. -. C’est un Hindou. Il a les jambes comme des bâtons et il s’est fait un caleçon dans un drap de lit…-. Elle tenta de chasser Pascal de ses pensées. Il n’avait rien à y faire, sinon à lui amener des larmes sous les paupières. Pascal était l’inverse de tout, il était le rire, le ☀️ et la vie… Ici, c’était la pluie, le froid et la sévérité de la catastrophe. Tous les dimanches, d’ailleurs, la conversation roulait sur la guerre, toujours si proche… Un raz-de-marée… Déjà, Hitler demandait la révision des traités… » Patrick Cauvin (Rue des Bons-Enfants)