»-. Depuis quatre jours, ils ne sortaient qu’Ă la đ. En cette fin de mois d’aoĂ»t, le ciel s’embrasait d’une armĂ©e de âïž et le long des journĂ©es, prisonniers, ils sentaient couler le long des murs et des volets clos les nappes d’une chaleur profonde et dorĂ©e. Dehors, par les interstices des croisĂ©es, ils voyaient l’Ă©tĂ© martyriser les palmes et, sans qu’aucun vent soit venu, il y avait parfois dans le frĂ©missement d’un pin ou l’infini balancement d’une branche une plainte bĂąillonnĂ©e, un cri de đżou deđș tentant d’Ă©chapper Ă la morsure des rayons. Lorsque la clartĂ© diminuait enfin, lorsqu’ils sentaient Ă l’extĂ©rieur l’interminable soupir du parc libĂ©rĂ© de l’Ă©treinte torride, ils se glissaient sur la terrasse et attendaient la montĂ©e des đ.

Ils avaient retrouvĂ© dans la cachette un demi-jambon et quatre boĂźtes de biscuits de soldat qui leur poudraient la bouche d’une poussiĂšre salĂ©e, ils la noyaient de vin de cassis tirĂ© d’une bonbonne, l’alcool leur brouillait la vue et dĂ©clenchait chez SĂ©raphine des rires imprĂ©vus. Il n’y avait plus d’eau et, Ă©cartant, Ă l’heure de la đ, les lentilles vertes de la vasque, ils s’Ă©tendaient ensemble dans les eaux moirĂ©es, bain nocturne frottĂ© d’un restant de savon noir qui ne moussait pas et leur faisait une peau de papier de verre… Ils traĂźnaient derriĂšre eux un relent d’encaustique, et elle parfumait Pascal, malgrĂ© ses protestations, avec un ancien flacon Chanel oubliĂ© dans un tiroir d’une coiffeuse de la chambre bleue. Durant les trois premiers jours, cassant le silence des cigales, le bruit de la bataille leur parvenait parfois… Ils Ă©coutaient les combats de la ville, dissĂ©minĂ©s et lointains. » Patrick Cauvin (Rue des Bons-Enfants)
Belle histoire et joli tableau đŒ
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