Viens chez moi, j’habite nulle part

 »-. Monsieur, l’ordre de virement électronique, tiré sur votre compte et destiné à acquitter votre loyer de la semaine écoulée, nous a été retourné avec la mention provision insuffisante. Je vous rappelle que la convention collective portant organisation des centres de survie prescrit que l’attribution d’un cocon est soumise dans tous les cas au paiement du loyer correspondant. Aucune exception n’est prévue à cette règle. En conséquence, je vous demande de me faire parvenir sans délai, par tout moyen à votre convenance, la somme de 34,75 dollars, correspondant au loyer en retard augmenté des intérêts et frais. À défaut, je me verrais à grand regret dans l’obligation de procéder à votre expulsion.

Projet Viens chez moi j’habite chez une copine, 🏡 de poupée

Qu’il éprouvât des difficultés à joindre les deux bouts n’était pas nouveau en soi, avec les progrès des interprètes automatiques, les traductions se faisaient de plus en plus rares. L’inouï était qu’à défaut de payer son loyer il risquât l’expulsion. Le garçon avait toujours vécu dans la certitude réconfortante que la jouissance d’un cocon constituait un droit inaliénable de la personne humaine, comme celui de respirer. L’idée qu’on pût en être dépossédé ne l’avait jamais effleuré, tant elle semblait absurde. Expulsé ? Mais pour aller où ? Il n’était ici-bas qu’un seul milieu approprié à la vie, celui des cocons. Certes, il y avait les dissidents et les Chinois, mais à ses yeux c’étaient des anomalies. Hors de cocons, par pollution, infection ou agression, expusion équivalait à exécution. » Jean-Michel Truong (Le successeur de pierres)

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