Femme infertile s’en va-t-au couvent

 »-. Vingt ans de mariage, et pas la moindre promesse d’enfant. C’est une épreuve plus dure pour un couple princier que pour le commun des mortels. Du moins est-ce, en 1526, l’opinion du grand-duc de Moscou Vassili III. Soucieux d’assurer sa descendance, il se demande si, malgré l’estime affectueuse qu’il porte à son épouse, la belle Salomé Iourievna, il ne devrait pas la remplacer avant d’avoir perdu, avec l’âge –il a quarante-sept ans– tout pouvoir de procréation. Partageant la déception de son mari, Salomé multiplie les pèlerinages, les consultations de sorciers et les frictions avec un mélange d’huile et de 🍯 sur les parties les plus intimes de son corps, sûr moyen, dit-on, d’être fécondée.

Désespéré, Vassili ne peut plus voir un nid sur une branche d’🌲sans en avoir les larmes aux yeux. -. Les 🐦 sont plus heureux que moi, ils ont au moins des enfants… Qui deviendra mon héritier et celui de l’Empire de Russie ? Mes frères en sont indignes, eux qui ne savent pas seulement gouverner leurs apanages !- À ces mots, les boyards sentent le moment d’avancer une suggestion hasardeuse. -. Sire, on abat le figuier infécond pour en planter un autre dans le verger -. C’est précisément ce que Vassili voulait entendre, peut-être d’ailleurs la stérilité de Salomé n’est-elle qu’un prétexte pour ouvrir le lit du souverain à une créature plus fraîche. Sans ombre d’un remord, il conseille à son épouse de se retirer dans un cloître, devant son refus, Vassili emploie la manière forte. Enlevée au Palais, elle est enfermée au couvent où on lui coupe les cheveux. -. Dieu me voit. Il me vengera de mon persécuteur !-. Débarrassé de son épouse, Vassili n’a qu’une hâte, en prendre une autre. » Henri Troyat (Ivan le terrible)