Un trésor dans mon grenier ?

 »-. Autant que je sache, il n’y a jamais eu de clé pour ouvrir, mon grand-père, à moins que ce ne fût avant lui son propre père, avait fermé cette porte et elle est demeurée ainsi depuis lors. Je me rappelle avoir subi une sérieuse rebuffade le jour où je m’avisai de réclamer l’ouverture de cette porte. On me conseilla vivement de m’occuper de mes affaires, ce que je fis avec d’autant plus de facilité que la chose m’importait peu. Je n’y ai plus jamais pensé, mais, évidemment, si vous désirez qu’elle soit ouverte…-. À l’aide d’une paire de tenailles, il libéra l’une des pattes de fer à cheval. Et la chaîne retomba en cliquetant le long du panneau. La porte s’ouvrit, béante, sur un troisième grenier complètement vide qui ne différait des deux autres que par l’obturation des fenêtres barrées en oblique. -. Je suppose que l’on a fait cela afin de rendre les fenêtres plus résistantes aux assauts de la tempête -.

Je ne m’explique pas pourquoi personne n’a eu la curiosité de pénétrer dans cette pièce. Elle aurait pu contenir un trésor -. Un trésor ! Croyez-moi, mon grand-père s’était chargé de vendre tout ce qui était négociable, bien avant de mourir. Il n’avait laissé que des dettes, et un pitoyable embryon de troupeau de 🐑. Et il a fallu que mon pauvre père… Mais je vous ennuie avec mes histoires -. Alors que je me retournais pour rebrousser chemin, mon angle de vision s’ajusta sur le mur éclairé par le rayon lumineux tombant de la fenêtre barricadée. Et j’aperçus, sur le mur, une trace estompée, comme on peut en voir dans certaines vieilles églises où le badigeonnage n’est pas tout à fait oblitéré… » Norah Lofts (Le mystère derrière la porte)