»-. Ce petit monde incomplet, désuet et provincial était, après tout, moins injuste qu’un autre. Les choses étaient en train de s’arranger. Peut-être, somme toutes, la ville ne meritait-elle pas de mourir. Chella, mourir ? Je pris les jumelles, et j’y plongeai les lieux. C’était comme basculer sous la mer. Ou encore observer ce qui grouille sous un microscope, l’étrange faune. Un ☀️ froid et clair avait envahi le ciel. Sur la surface de la baie, il jetait des milliers de paillettes. Disséqués par les lentilles des jumelles, des copeaux d’images battaient en plans parallèles sur le sommet des 🌊. Quel peintre, quel artiste fou aurait osé planter dans ce ciel pâle et froid le drapeau tricolore et vibrant de l’amirauté, l’allégresse des barques dans le port, l’indigo des portes des 🏡, le vert des 🌲 et des collines ?

Qui aurait juxtaposé, plan par plan, cette mer d’abord, puis les pierres roses du port et ses remparts, puis l’enchevêtrement disloqué des toits de la ville, puis celui du feuillage des plantations d’oliviers et de 🌴, enfin cette 👑 de ☁️, ces massifs de brume grimpant autour des 🗻, et maintenant virant au bleu ? Tremblants dans mon champ de vision, je les voyais maintenant dans les jumelles, ces détails que, tout à l’heure, mon oeil n’avait pu accrocher, l’arborescence brune d’une forêt, l’ombre d’une construction blanche sur le sommet, une route de crête déroulant brusquement sur la 🗻 ses ressorts et ses anneaux têtus. Mourir ? La réalité n’était-elle pas plutôt que Chella n’était pas vraiment vivante… Oui, Chella m’apparut comme ce qu’elle était probablement, une coquille vide, un décor pur, un écho, une ombre, un désert. Une imposture. » Philippe Doumenc (Les Comptoirs du Sud)
Beau tableau 🖼
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