Je t’aime

 »-. Ma chérie, je campe ici, au confluent des rivières Kenya Paha et Niobrara, longitude 99 degrés, latitude 43 degrés, ainsi que tu brûles évidemment de le savoir. Ce n’est pas la région idéale où trouver du papier à lettre, mais j’en ai acheté pour quelques dollars à la tenancière d’un motel, un papier plus âgé que toi et moi. Le motel est un vrai nid d’amour et, si tu m’avais accompagné, nous serions restés là-bas plutôt que de camper. Je ne fais pas de 🔥, car je suis sur une propriété privée et je ne sais pas très bien où se trouve le ranch le plus proche. Mais j’ai le clair de 🌙, la lueur des 🌟 et celle d’une lampe-torche, sans parler du vrombissement des moustiques, mes authentiques amis qui me suivent partout à travers les États-Unis d’Amérique.

Demain, j’espère trouver ma vraie mère, quel que soit le nom qu’il faille lui donner, ou du moins sa mère, prénommée Naomi, sur le ranch de qui j’ai la permission de procéder au comptage des 🐦. J’appréhende assez cette perspective, mais, comme tu me l’as suggéré, autant que je ne fasse pas traîner les choses. Bien sûr que j’espérais que tu t’enfuirais avec moi, et j’essaie de comprendre pourquoi tu ne l’as pas fait. Peut-être que je le peux. Tu as dit, ou pensé, que jamais je ne pourrais me fixer à un endroit précis, mais je sais que pour toi je pourrais trouver le bon endroit. Je t’aime. » Jim Harrison (La route du retour)