Aimez-vous Haydn ?

 »-. Bach n’était pas la seule passion musicale de Hanno. Après s’être essayé un moment à la musique contemporaine, pour échapper à l’étiquette de joueur de baroque, il s’était tourné vers Haydn. Haydn ressemblait à ces pays étrangers où l’on se sent d’emblée chez soi. La proximité de l’univers mozartien, bien sûr. Pourtant cette musique a priori familière et rassurante cachait une personnalité originale, secrète et souvent surprenante. Malgré les apparences, il ressemblait à Bach. Les deux hommes avaient composé dans une discipline de fer imposée par des contrats léonins qui les liaient, l’un à saint Thomas de Leipzig, l’autre aux Esterhazy. À la différence de Mozart, ils ne s’étaient pas rebellés, ils avaient travaillé dans l’urgence et la contrainte sans renier leur génie.

En son temps, Bach avait souffert de la concurrence de Telemann, que la ville de Leipzig lui eût volontiers préféré, mais le temps avait réparé cette erreur de jugement. Personne ne lui faisait plus d’ombre. Il n’en allait pas de même de Haydn, resté dans l’orbite de Mozart. Pourtant, Haydn avait toujours manifesté une sorte de bienveillance et admiration à son jeune rival, il avait été ému en apprenant à Londres la nouvelle de sa mort. Hanno aimait ce gentil Haydn, qui eût été le Roy de son époque… sans le musicien de Salzbourg… Hanno ne se contentait pas d’habiter la 🎶🎶, il expliquait le moindre détail de son architecture, il donnait du sens aux plus petits détails. À tout ce qui, de prime abord, ressemblait à une fioriture. » Isabelle Hausser (La Table des enfants)