»-. Pendant de longues années, les jeunes gens étaient soigneusement séparés à l’école, à l’église et même sur leur lieu de travail. À tous les niveaux de la société, on s’efforçait de canaliser l’éros des jeunes gens. Dans les milieux les plus simples, par crainte du déshonneur de l’enfant sans père, dans les milieux plus élevés, par crainte de la mésalliance et des coureurs de dot. Le bal était probablement le seul endroit où il était admis qu’ils puissent se choisir, se séduire, se toucher, voire ressentir les prémices de l’émoi amoureux à travers le synchronisme des corps unis dans le rythme et la musique. C’est le vieux rite de tous les êtres vivants, la parade nuptiale.

Le prototype le plus accompli du bal ritualisé est le grand bal d’apparat. C’est celui qui incarne au maximum l’ambiguïté fondamentale du bal, un lieu où tout est permis et où tout est défendu. Il est admis que deux personnes de sexe différent qui ne se connaissent pas s’approchent l’une de l’autre et établissent d’emblée un contact physique impensable en toute autre occasion. ✋ Sur la taille et ✋ dans la 🤟. Ce contact physique que la jeune fille acceptait d’un inconnu était admis. Yvette Guilbert, chanteuse acidulée illustrée par Toulouse-Lautrec, avait bien perçu dans sa chanson Les Ingénues l’ambiguïté de la situation. -. Elles ne laisseraient pas un danseur déposer un seul baiser sur leur ✋, mais chaque valseur prenant leur taille fine et menue dans ses bras peut enlacer amoureusement, sans froisser les ingénues -. » Henri Joannis-Deberne (Danser en société)
l’ingénuité se sera déplacée, on ne la trouve plus où elle était mais elle est bien là toujours
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