Elle est Finaude, Maria !

 »-. La finauderie de Maria était bien évidente. Elle avait fait tous les travaux d’une servante, mais elle n’avait pas touché au 🍞, ni au vin. Ça, c’est le droit du maître. Ou de sa femme. Jamais un valet n’oserait. La preuve, c’est à la mort du maître qu’on s’en rend compte. À ces moments-là, il arrive qu’un valet entreprenant, ambitieux, ou même d’accord avec la veuve, s’établisse, ou essaie de le faire. Dans ce cas, le maître à peine enterré, il débite le 🍞. Là, c’est clair. Ou la patronne remet l’impertinent à son rang, ou elle laisser courir. Et si… Bientôt après, on les retrouve sur la même paillasse. Combien comme ça ? Combien, on serait curieux de savoir. Un bon paquet, en tout cas…

Mais elle est maligne, la Maria. Elle servait. Par moment, elle s’asseyait au coin du banc, vers le fourneau. Pour, d’un coup, avaler la soupe, torcher l’écuelle d’un tour de 🍞. Elle regardait Johannes, jamais Joseph, qui, de son côté, l’ignorait. Ils se devinaient. Ça le réjouissait, Johannes, mais il ne s’en rendait même pas compte, tout comme elle voulait, la gueuse. C’est par le manque qu’on craindrait à l’annonce de leur départ qu’elles s’assurent qu’on les gardera, ces filles. En plus, son silence la servait. Toute femme qu’elle était, ce n’était pas une bavarde, non plus. Le moins qu’on pût dire de ces trois, c’est qu’à eux tous ils ne disaient pas dix mots dans l’heure. Cette façon aurait pu ne durer que quelques jours. Mais des mois ? Voire des années… Peu après l’arrivée de Maria, Johannes se sentit patron, comme un 🐓 qui sent pousser ses ergots. » René de Maximy (La Ferme des Neuf Chemins)