»-. Je me suis réveillé en sueur, je venais de rêver d’un Indien Ponca qui m’avait raconté quelques histoires de coyotes , on appelle ça un informateur. J’étais un jeune crétin arrogant, qui collectait des histoires merveilleuses en échange de deux bouteilles de vin bon marché. Nous nous sommes rencontrés trois fois en autant de jours, le dernier jour il m’a fourni pour l’essentiel les noms Ponca de deux douzaines d’🐦 que j’avais vus dans le marais tout proche. Il est devenu plus chaleureux en apprenant qu’au lieu descendre au motel du coin je m’étais simplement installé à flanc de colline dans un sac de couchage. Il m’a demandé deux fois, pour me taquiner, si j’avais un peu de sang indien dans les veines, ce que j’ai nié… Il est hors de question de reconnaître devant un Ponca que vous êtes, ne serait-ce que légèrement, Sioux, si vous voulez qu’il vous fournisse des informations.
Bien sûr, il n’aurait pas dû me raconter des craques, mais c’était avant tout un être humain amical doté d’un sens de l’humour époustouflant. Selon mon dernier recensement, j’ai rencontré au moins un membre de trente-sept tribus indiennes différentes. Je n’ai pas écrit grand chose sur ces gens, sans doute à cause de cette modestie que mon père m’a inculquée. Les librairies sont bourrées de doctes traités sur les autochtones, et je ne compte pas les bouquins merdiques… Néanmoins, après m’être un peu frotté aux autochtones, les livres érudits et les ouvrages à peu près sérieux ne me semblaient pas vraiment coller avec mes expériences. Je m’expliquais maladroitement ce décalage en réfléchissant que ces livres s’inspiraient d’expériences vécues sur le terrain, mais qu’on avait écrits ailleurs. Disons… dans une ville universitaire ou à Washington, où les gens, malgré toute leur fraîcheur, sont seulement en contact avec eux-mêmes. » Jim Harrison (La route du retour)
L'atelier peinture de Christine 