Tristes temps de veuvage

 »-. La reine Victoria n’avait pas encore élevé le veuvage au rang de profession à temps complet. Cependant, un deuil noir et une vie recluse d’au moins six mois étaient une règle absolue pour celles qui n’avaient pas l’obligation de travailler pour assurer leur subsistance. Les vêtements de deuil ne respectaient pas, par principe, les canons de la mode, ceux de Mrs Thorley et des filles s’en écartaient, au point de ne même pas leur aller, car ils sortaient d’un magasin de confection en série de second ordre. Très regretté par tous ceux qui l’avait connu, George Thorley fut enseveli au milieu de ses ancêtres, dont l’un, tué à Crécy et ramené à grands frais dans le sol natal, avait endetté le domaine de Gad’s pour deux bonnes années.

Son testament était rédigé. Pas un de ces griffonnages hâtivement arrachés au mourant avant qu’il perde conscience, et qui favorisait ceux qui avaient eu l’habileté de se trouver sur place au bon moment. George Thorley entretenait des relations amicales avec Mr Gordon, qui connaissait la valeur d’un testament établi dans les formes légales et signé par des témoins au-dessus de tout soupçon. Il avait couché ses dernières volontés sur papier alors que son fils, âgé de dix-huit mois, lui promettait une descendance assurée exempte de ces rivalités qui trop souvent opposent les héritières. Il prévoyait aussi que son épouse Isabelle devint son seul exécuteur.-. C’est une clause tout à fait inhabituelle, une charge trop lourde pour une femme -. Ma femme s’entend parfaitement aux affaires -. » Norah Lofts (Le mystère derrière la porte)