»-. J’ai visité les quartiers noirs de Miami, situés à la périphérie de cette grande cité maritime. Les gens y sont pauvres, ils ne savent ni travailler à la chaîne dans les usines, ni remplacer la vitre d’une fenêtre, ni réparer une clôture, ni sarcler un jardin. Certaines 🏡 grouillent d’enfants, la plupart nus. La femme y règne en maîtresse, elle est enceinte, elle accouche, elle nourrit, elle lave, elle trime toute la journée et fait vivre les siens. L’homme pèse deux fois moins qu’elle et passe le plus clair de son temps à se rouler des cigarettes, assis sur un banc. Il lui arrive souvent de s’en aller, droit devant lui, abruti par l’ennui, les cris et les taloches de la femme. La fille ainée grandit, et un autre homme arrive. La même histoire recommence, ou plutôt se poursuit, jusqu’à ce que le plancher de la 🏡 s’effondre. La famille déménage alors dans la 🏡 voisine, abandonnée l’année précédente ou depuis des temps immémoriaux.

En bordure des villes et des villages, on trouve quantité de ces 🏡 abandonnées. Leurs portes sont enfoncées, les fenêtres brisées, les balcons branlants. Il est moins cher de construire du neuf que de réparer le vieux. Un jour, je suis tombée sur un aérodrome désaffecté, qui me laissa une impression particulièrement forte. C’était un petit aéroport de province avec deux hangars vides grands ouverts. Un rayon de ☀️ pénétrait dans l’un d’eux, à travers le toit effondré, et tombait sur un tas de détritus, juste à l’entrée. Deux énormes camions et un vieux tracteur gisaient sur le flanc. Une brise légère faisait grincer et balancer un objet métallique. Au milieu du terrain, se trouvait un avion de douze places, vieux, tordu, écaillé, avec une aile arrachée. J’y suis montée… Tout était silencieux. » Nina Berberova (C’est moi qui souligne)
Tableau et texte me plaisent ! Nina Berberova est une grande écrivaine, dont on ne parle plus beaucoup, malheureusement ! Merci de la remettre en lumière.
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😍😍
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Beau tableau 🖼 pour illustrer ce récit
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