Je danse, moi non plus

 »-. Manifester son appartenance tribale est l’un des rôles nouveaux remplis par la danse. Rassemblés avec d’autres célébrants, les danseurs se plongent en une fusion à la fois solitaire et collective dans le flot de la musique. Ils se laissent pénétrer par le martèlement de la sono et des basses et dansent parfois pendant des heures. La transe n’est pas loin et apparaît sur la piste un nouveau type de partenaire, les excitants artificiels. Dans ces dernières décennies, naît une notion spécifique, couramment utilisée par les pratiquants eux-mêmes, celle de culture. Ils partent de culture salsa, ou de culture techno, dont la danse n’est qu’une partie. L’élément dominant est la musique.

Une culture se caractérise par quatre dimensions, un concept, une façon de s’habiller, un certain type de musique, et une façon de danser. On a trouvé, dans les années 60, la culture rock, avec comme concept la rage, vêtement le blouson noir, musique le rock, danse le rock et plus tard le pogo, une danse brutale où les danseurs se bousculent sur place. On trouvera plus tard la culture hip-hop, avec le respect de l’individu, les marques détournées et la sweat à capuche, le rap et le smurf debout ou le break au sol. Plus tard, la culture techno avec la liberté du plaisir, les couleurs soutenues et flashy, la musique techno et la danse d’auto-expression solitaire en club ou rave-party. Dans tous les cas, la danse est devenue autre chose que ce qu’étaient la valse, le tango, le pasodoble ou le fox-trot. Elle est devenue une célébration tribale, souvent immergée dans des manifestations plus vastes. » Henri Joannis-Deberne (Danser en société)