Lorsque l’enfant paraît…

 »-. Enfin, vers trois heures du matin, Sylvie Sauze réussit, entre deux quintes de toux, à se débarrasser d’un petit être difforme, qui se mit aussitôt à crier d’une voix aigre de 🐱 qu’on écorche vif. La sage-femme, qui a l’👁️‍🗨️ et qui se trouve forcément la mieux placée pour se rendre compte la première du sexe du nouveau-né, jette à voix haute. -. C’est un gars -. Sauze reçoit au 🖤 un petit choc très doux, il s’approche, soulagé et curieux. Mais, dès qu’il aperçoit le pauvre petit être chétif et bossu, il sent ses jambes mollir et une tristesse infinie monter en lui. Malheur ! Son fils est infirme, il détourne la tête, un sanglot lui monte à la gorge, et le serre, à l’étrangler. La grand-mère, malgré ses rhumatismes qui, à chaque pas, lui mordent les genoux, s’approche à son tour, et reste là, piquée, sans un mot, toute tremblante devant cette nouvelle épreuve qui leur arrive. -. Mon pauvre enfant ! Quelle misère ! Nous aurons donc tous les malheurs-.

30x30cm  » Lorsque l’enfant paraît  »

Maladroitement, la sage-femme retourne le fer dans la plaie et, tout en poussant les soins pour revenir au plus vite au chef-lieu de canton où l’attendent des occupations d’un autre ordre, elle jette, au hasard, quelques vagues paroles de consolation. -. Ça peut s’arranger, vous savez, et puis, il y en a d’autres qui sont bossus, et qui font, malgré tout, leur chemin dans la vie. Que voulez-vous, il faut en prendre son parti, on n’y peut rien changer-. Sauze n’écoute pas, pourquoi écouterait-il ? Il s’est laissé tomber sur une chaise, et, la tête dans les ✋, il pleure longuement, silencieusement, en homme, ses pauvres illusions à jamais évanouies. » Germain Rallon (L’Ouche aux brebis)

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