»-. C’est un jour de tourments. Comme d’habitude le souper s’est passé en silence. Johannes est absorbé, quasiment là sans y être, pas plus bourru qu’à l’accoutumée, mais préoccupé. La soupe est prise. Chacun s’est taillé une tartine avec une tranche de lard maigre. Joseph et Maria n’ont pas terminé qu’il se lève, eux ne bougent pas, tout juste Maria a un regard dans sa direction, s’il voulait encore manger quelque chose, ce serait qu’il a encore faim… C’est qu’elle est attentive à ce que ses hommes soient satisfaits de ce qu’ils ont à manger. Mais rien de ça, il va seulement faire son tour à l’écurie.

Peut-être que ça dure un peu plus, juste ce soir. Mais, à vrai dire, il n’y a pas de règle… Quand il revient, le Joseph s’est déjà retiré, c’est un lève-tôt. Comme chaque soir, Johannes fait un dernier tour, vérifie les litières et la fermeture des portes, des fenêtres et des lucarnes, parce qu’une 🐔, ça ne résiste pas à un coup de froid, il faut le savoir. -. Allez, bonsoir, Johannes, demain il y a de l’ouvrage, il faut que je dorme -. Bonsoir, Maria-. Mais ce soir, en rentrant, il la trouve au vaisselier. Maria sent qu’il est là, derrière elle. Mais ce n’est pas Johannes, farouche de nature, qui peut l’inquiéter, Johannes, elle le sait bien, c’est un tendre. Ça, de Joseph, elle se méfierait plutôt, mais de Johannes ! -. Dis, Maria, tu as une minute. Ne te sauve pas encore. Reste un moment, au lieu de… toujours partir le soir. Comme une sauvageonne…- » René de Maximy (La Ferme des Neuf Chemins)
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