»-. Je l’ai vue pour la dernière fois lorsque, à 4 heures de l’après-midi, on l’a poussée avec son baluchon dans un camion ouvert, le quatrième de la file cerné par la police. Je me tenais sur les marches du large escalier, incapable de bouger. Une femme que je ne connaissais pas me cacha pour qu’on ne me vît pas. Je claquais des dents bruyamment, et mon sac glissa des ✋. Je n’arrivais pas à me contrôler, mon corps était comme secoué d’une crise nerveuse, depuis les genoux qui s’entrechoquaient jusqu’à la tête qui s’agitait au point que les oreilles me bourdonnaient. Un de mes bras était nu, car j’en avais perdu la manche. Et au bourdonnement dans ma tête se mêlait un sifflement bizarre qui s’était déclenché au moment où l’Allemand m’avait donné un coup de poing sur l’oreille.

Tout à coup, j’entendis une voix douce. -. Madame Berberova !-. Une inconnue m’appelait de l’un des camions. Mon tremblement s’arrêta aussitôt, je me précipitai vers le camion en me faufilant entre la haie des policiers. -. Vous ne me connaissez pas. Allez chez moi et dites à mon mari qu’on m’a arrêtée dans la rue. Vous n’oublierez pas l’adresse ?-. Je la regardai d’un air abruti, je ne pus retenir le numéro de la 🏡, quelque chose s’était produit dans mon cerveau et celui-ci ne fonctionnait pas normalement. J’enregistrai, néanmoins, le nom de la rue. Je lui tendis, sans mot dire, un ✏️, mais un policier m’avait déjà tirée en arrière. En cet instant, par un effet de ma volonté, je retrouvais brusquement l’usage de mes facultés. Et le numéro de la 🏡 me revint à l’esprit. Je criai, en russe. -. Seize !- Les camions s’enbranlèrent. » Nina Berberova (C’est moi qui souligne)
Bonjour Christine quelle sale époque, je ne voudrais pas revivre une guerre, bisous bonne journée MTH
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