»-. Diana, dans son coin, nourrissait de sombres pensées. -. Finie la facilité, il va falloir recommencer à réchauffer les mets préparés par Mrs Wedgwood, ou alors les cuisiner moi-même -. Elle ne se sentait pas à l’aise, dans sa cuisine. Elle portait un ravissant tablier de mousseline tuyauté, et s’efforçait sincèrement de plaire à Everard, mais rien ne marchait droit. Le contenu des casseroles débordait au moment où on s’y attendait le moins… ou s’y attachait avec acharnement… ou se calcinait stupidement. Une fois même elle s’était brûlé le bras contre la porte du four. Elle gardait soigneusement fermée la cuisine où, en aucune façon, ni Everard ni elle, n’auraient songé à prendre leurs repas, comme le faisaient Déborah et son mari en dépit de leurs moyens.


Parfois, pourtant, il arrivait que des odeurs de cuisine –qui sont bien différentes du fumet d’un plat préparé avec soin– entrassent avec elle dans la salle à manger. Un aspect peut-être plus déprimant de la cuisine était son côté éternel recommencement. Un tonneau des Danaïdes, aussitôt vidé que rempli. À l’inverse, par exemple d’un ouvrage d’aiguille ou de broderie, que l’on voyait croître maille après maille entre ses doigts, qui s’accomplissait, qui prenait forme et que l’on pouvait montrer. Confectionnez donc un plat recherché, issu d’une recette savante et élaborée qu’en restait-il, une heure après que vous l’eûtes déposé sur la table ? Une pile d’assiettes sales !


Épilogue. -. Voilà, je suis de retour, Madame ! Je suis venue parce que je crois que vous avez beaucoup de chagrin-. Je vous remercie, Jenny, je suis heureuse de vous retrouver, mais vous n’auriez pas dû abréger vos vacances pour moi-. J’ai eu assez de vacances, Madame, et puis j’ai été toute retournée quand j’ai entendu la nouvelle… Et euh… qu’est-ce que je prépare pour le dîner ?-. Du 🐟 ! Je pensais qu’un morceau de 🐟 frais… » Norah Lofts (Le mystère derrière la porte)

